#JeudiAutoEdition - Qui sont ces auteurs ? #28
Le #JeudiAutoEdition est un rendez-vous que je suis de très près depuis un petit moment et n'ayant pas toujours une lecture sous la main, je préfère mettre en avant un ou une auteur(e) auto-édité(e), ce qui, je l'espère, vous permettra de le ou la connaître un peu plus et pourquoi pas, la curiosité fera le reste ...
Cette semaine, c'est au tour de Marilyne Walker
Pour
commencer, pouvez-vous nous faire une petite présentation rapide
pour ceux et celles qui ne vous connaissent pas encore ? (D'où
vous venez, les études faites, etc.)
Je
suis née en Franche Comté, mais je n’y suis pas restée
longtemps. Je me rappelle encore avec émotion du nom de la rue du
grand bâtiment en béton où je n’ai passé que quelques années –
avec les gamins du coin, on l’appelait ‘le bloc’. Mes parents,
qui ont deux nationalités différentes, étaient très jeunes quand
ils m’ont eue ; ils n’ont pas hésité à déménager
répétitivement, au fil de leurs opportunités de travail, avec
bébé-moi dans leur sillon. Ainsi, j’ai grandi un peu partout.
Leur
gène du voyage s’est propagé : à mon tour, j’ai quitté
la France pour finir mes études supérieures de commerce en
Angleterre. J’ai commencé à travailler en informatique en
Hollande et je suis rapidement devenue freelance. Alors, tout s’est
accéléré : je suis partie m’installer en Australie, puis
aux Etats-Unis, profitant de chaque moment entre deux contrats pour
voyager. Je ne suis revenue en France qu’il y a deux ans, après 17
ans d’absence.
Quel
est votre univers livresque ?
C’est,
justement, l’Univers !!! Cosmogonies est une œuvre de
science-fiction, qui est une cosmogonie ‘moderne’ : une
théorie sur la genèse, non pas de notre monde, mais de tous les
mondes. Et si la création de la vie suivait le même patron,
partout dans l’Univers ? Et si notre conscience, notre
capacité à choisir, que nous prenons tous pour un acquis, était le
fruit d’une entité externe, tellement évidente dans nos vies, que
nous ne pourrions jamais nous douter de son rôle primordial… ?
Mon
univers livresque est un univers riche de nombreux mondes,
d’intrigues qui traversent plusieurs civilisations… Pour nous
ramener à la définition même de ce qu’est un ‘être humain’.
J'ai voulu ramener l’emphase sur des valeurs qui me paraissent
primordiales : l’empathie et la prise de responsabilité pour
chacun de nos actes. [Je
parle un peu plus de l'importance de ces valeurs dans mon article :
'le
Noël de Cosmogonies',
qui est mon bilan de l'année 2016].
Qui
vous a donné l'envie d'écrire à votre tour ? Quel est votre
objectif lorsque vous écrivez ? (Donner du plaisir, vous
évader, faire partager, etc.)
Ah !
Cette question me fait sourire ; un sourire de gratitude
heureuse, adressée aux auteurs phénoménaux qui m’ont inspirée
tout au long de ma vie. Barjavel, le rêveur de mondes, tellement
humaniste… Asimov, l’avant-gardiste froid, qui cherche à faire
réfléchir… Philip D. Dick, paranoïaque et dépressif, pourtant
tellement dans le vrai… Frank Herbert, décalé, dangereux, et
pourtant délicieux… Ray Bradbury, pionnier, dans l’esprit et
dans le verbe, et tellement, tellement d’autres ! Ces auteurs m’ont
inspirée, par leur capacité à imaginer des univers entiers ; ils
m'ont donné le courage de me lancer dans l’écriture de
Cosmogonies. Imaginer plusieurs mondes, les civilisations qui les
peuplent et les lois qui les gouvernent, c’est une tâche
gargantuesque, qui peut même être paralysante, par la simple
immensité de ses implications.
Ces
histoires, qui ont bercé mon enfance nomade, m’ont soutenue dans
les moments les plus difficiles, car elles m’ont permis de rêver.
D’imaginer des alternatives. De réfléchir au sempiternel ‘Et
si… ?’. C’est exactement ce que je cherche à reproduire,
à travers mes récits. Je veux transporter le lecteur dans un
‘ailleurs’, qui nous permette de nous retrouver, nous tous,
humains, sur le même pied – à travers notre visite fortuite dans
un endroit décalé, un endroit vierge de préjugés, un endroit
neutre. Dès lors, il devient possible de réfléchir, ensemble, sans
tabous ni prédispositions culturelles, aux questions les plus
fondamentales de l’humanité : qui sommes-nous ?
D’où venons-nous ? [Mon
article : 'Dis-moi
d'où tu viens et je te dirai qui tu peux être'
, publié à l’occasion de la sortie de Cosmogonies, détaille ces
idées-clé, sous-jacentes au livre]
Comment
s'est déroulé l'écriture du roman (ou des romans) ?
L’écriture
de Cosmogonies a été une joie intense et un travail immense,
entrecoupé de longues périodes d'arrêt : 6 ans pleins ont été
nécessaires à sa venue au monde. La naissance du roman et sa
progression dans le temps sont intimement liées à des évènements
personnels marquants. [Je
les relate dans une série de billets : un
drôle de voyage,
l'Autre
Monde,
et le
serment].
La
publication de Cosmogonies a été une étape vraiment très
importante pour moi.
En
général, mon processus d’écriture est fluide et rapide,
c’est-à-dire que quand j’écris, je ne fais que ça, j’écris
intensément. Malheureusement, je passe parfois aussi des périodes
assez longues sans avoir le temps d'écrire une ligne : je travaille
beaucoup, et, à part l’écriture, je nourris deux autres passions.
La première, c’est la poursuite des éclipses solaires, qui m’a
amenée à traverser le globe en long et en large - pas facile
d’écrire quand on campe dans des conditions très précaires,
entre deux cyclones, ou au milieu du désert. La seconde, c’est la
musique électronique, qui m’a transportée un peu partout, au
rythme saccadé d’une multitude de festivals.
Ce
manque de temps présente une difficulté évidente, mais je
l’accepte volontiers comme l’effet collatéral inévitable d’un
tumulte chaotique qui, lui, abreuve abondamment mon processus de
création : mes expériences personnelles enrichissent mes écrits et
me rendent plus audacieuse, plus confiante.
Vous
imposez-vous un rythme d'écriture ou écrivez-vous quand
l'inspiration est là ?
J’écris
quand je ne peux plus m’en empêcher. Je suis déjà allée
(plusieurs fois !) jusqu’à quitter mon travail, à cause d’un
besoin d’écrire dévorant qui prenait toute la place. Il m’est
impossible, au jour d’aujourd’hui, d’instiguer une routine qui
me permettrait une approche à l'écriture plus posée, plus
équilibrée.
Pourquoi
avoir choisi l'auto-édition ?
Ah,
c'est une question que l’on me pose souvent ! Pour moi,
l’autoédition est une option tellement, tellement plus gratifiante
que l’édition ‘traditionnelle’, que j’apparente aujourd’hui,
avec du recul, à une forme d’esclavage ; à un système de
caste arriéré et sans fondement, qui est d’ailleurs au bord de
l’abîme. [Je
raconte mon vécu avec l'édition traditionnelle en détail dans cet
article : l’envoi
du manuscrit].
Ma
réponse en deux mots : RESPECT et LIBERTE.
En
entrant dans le monde de l’autoédition, j’ai découvert un
univers bourré de talent, d’entraide et de vraie passion, qui a
aiguisé et qui continue d’alimenter en moi la volonté de donner
le meilleur de moi-même. C’est une famille que j’ai trouvée en
choisissant l’autoédition, pas un moyen de distribution…
Comment
avez-vous vécu l’enthousiasme des premiers lecteurs ? Le
retour des critiques, positives comme négatives.
J’ai
commencé à écrire Cosmogonies, en français, dans des pays
anglophones. Autant dire qu’il n’a pas été facile d’obtenir
des critiques et que l’émotion que j’ai ressentie à chaque
retour a principalement été de la gratitude. Comme la plupart des
auteurs je pense, je suis dévorée de doutes quand je commence un
nouveau projet : est-ce que le texte est bon ? Mon message
est-il passé ? Plaira-t-il ? La liste est sans fin. Ainsi,
j’absorbe les critiques, négatives comme positives, comme une
éponge, sans discernement ; je suis prête à réécrire mon
texte à l’infini, si c’est nécessaire.
Quand
j’ai été confrontée à l’enthousiasme des premiers lecteurs,
j’ai eu l’impression d’arriver à une oasis après avoir
traversé le désert. Une sensation de plénitude, de bien-être m’a
submergée ; un bonheur vrai, une joie totale. Avec, en bonus,
la satisfaction intellectuelle d’avoir fait du bon travail.
Comment
s'est passé le choix de la couverture du roman ? Y avez-vous
participé ? Si non, qu'auriez-vous changé ?
Très
tôt dans le processus de création, j’ai eu en tête la maquette
de la couverture. Je suis très visuelle, et, pour moi, l’image qui
représenterait le livre était primordiale. J’ai passé des
heures et des heures à visionner les images disponibles gratuitement
sur le site de la N.A.S.A., jusqu’à ce que je trouve exactement
celle que je recherchais. Ensuite, beaucoup plus tard, quand je suis
rentrée en France, j’ai eu la chance de rencontrer le sosie de mon
héroïne, à Marseille. Outre le fait que nous soyons devenues
amies, elle a accepté de poser pour la couverture (merci Nanou !).
Un ami photographe anglais est passé dans la région et nous avons
pu improviser une séance photos devant l’aéroport
Marseille-Provence (thanks Pat !).
Puis,
j’ai fini le manuscrit, quitté mon travail, et les choses se sont
précipitées : j’ai envoyé un appel au secours à toutes mes
connaissances pour localiser un graphiste. Et le miracle a eu lieu :
Didier a répondu à l’appel et a prêté son talent à
l’assemblage de tous les éléments que j’avais rassemblés.
Cosmogonies avait enfin un visage ; le livre était né. Cela a
été un moment magnifique pour moi.
Si
vous pouviez donner vie à l'un de vos personnages, lequel
choisiriez-vous et pourquoi ?
Jog !
Je rêve de rencontrer Jog… Quel bonheur ce serait que de pouvoir
m’entretenir avec cette masse de bonté détachée de tout
jugement, cet être-planète incapable de mensonge… [J’ai
publié ‘l’interview
de Jog’ à l’occasion de la sortie de Cosmogonies, qui donne
un aperçu de sa psychologie complexe et sans compromis].
Sur
quel projet êtes-vous en ce moment ?
Depuis
quelques temps, j’écris des nouvelles, notamment pour répondre à
des concours. J’en ai d’ailleurs publié une récemment qui est
disponible gratuitement sur mon blog : Vendredi
12.
Je
retourne aussi dans ma tête un projet plus conséquent, qui est un
'spin off' de l’univers de Cosmogonies et qui est presque prêt à
être couché sur le papier ; je vais m’y mettre dès que
j’aurai un peu de temps libre.
Auriez-vous
des conseils d'écriture pour nos jeunes débutants ?
Ne
pas abandonner, face aux refus, aux critiques, aux aléas de la vie
qui rendent l’écriture difficile. Rester humble. Laisser pénétrer
l’essence de tous les retours, bons ou mauvais, pour pouvoir en
extraire une vraie compréhension des forces et des faiblesses du
récit.
Trouver
au moins 4 bêta-lecteurs, qui ne se connaissent pas, d’âges et de
contextes sociaux différents.
Choisir
chaque mot très précisément et les agencer avec soin – ce sont
les cellules du corps du récit et on ne peut pas faire vivre une
histoire dans la tête d’un lecteur, si elle ne tient pas debout.
Prendre
le temps de laisser le texte inachevé mariner, jusqu’à l’avoir
sorti de la tête, pour pouvoir le relire avec un regard neuf.
Et
surtout, croire en soi, et croire en son texte, toujours.
Oui : un grand merci, pour ton
support de l’autoédition et bravo pour la pertinence des questions
de ton interview ! Je serai au Salon
Fantastique à Paris du 6 au 8 mai et au Salon
de l'autoédition le 13 mai à Pierre-Bénite : au plaisir t'y
rencontrer, ainsi que les lecteurs de ton blog !
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