#JeudiAutoEdition - Qui sont ces auteurs ? #35
Le #JeudiAutoEdition est un rendez-vous que je suis de très près depuis un petit moment et n'ayant pas toujours une lecture sous la main, je préfère mettre en avant un ou une auteur(e) auto-édité(e), ce qui, je l'espère, vous permettra de le ou la connaître un peu plus et pourquoi pas, la curiosité fera le reste ...
Cette semaine, c'est au tour de Jérémie Lebrunet
Pour
commencer, pouvez-vous nous faire une petite présentation rapide
pour ceux et celles qui ne vous connaissent pas encore ? (D'où
vous venez, les études faites, etc.)
J’ai
la trentaine, je suis instit’ auprès d’ados handicapés mentaux
et j’écris depuis 2012. J’habite en Bretagne et suis sur le
point de déménager dans le Tarn, on me verra donc davantage sur les
salons et évènements de la région toulousaine !
J’ai
une formation scientifique (biologie et écologie) et j’ai toujours
lu beaucoup de science-fiction, alors c’est spontanément vers ce
genre littéraire que je me suis tourné quand j’ai commencé à
prendre la plume pour des ateliers d’écriture en ligne, puis pour
des nouvelles. Étant un peu touche-à-tout, je me suis peu à peu
diversifié : fantastique, fantasy, thriller, humour noir, mais
aussi un guide sur le formatage et la typographie pour les auteurs,
un guide sur la cuisine de plantes sauvages et, plus récemment, des
ouvrages de littérature jeunesse.
Au
jour d’aujourd’hui, j’ai autoédité une quinzaine de
nouvelles, deux guides pratiques, un album pour les tout petits et
j’ai trois romans qui sont écrits, mais en attente de corrections.
J’espère en finalisé un cette année, avec publication début
2018 (j’en reparle plus bas).
Quel
est votre univers livresque ?
J’ai
l’impression qu’il est assez varié et pas évident à définir.
Je dirais que les sujets me viennent souvent sans que je ne les
choisisse. À un moment, il y a telle idée qui me plaît et c’est
le moment d’écrire une histoire avec. Parfois, ces idées me
surprennent, je pense notamment aux voyages dans le temps qui m’ont
amené à beaucoup me documenter sur le Saint-Malo des années 1800
et ça m’a beaucoup amusé ! Moi qui n’aimais pas trop
l’histoire à l’école… Les enseignements magistraux non
choisis sont moins efficaces que quand on a une réelle motivation
d’apprendre quelque chose, n’est-ce pas ? ;)
Pour
être plus concret, je peux dire que la création d’espèces
intelligentes, la terraformation, la possibilité de dupliquer
l’esprit humain grâce au clonage, le voyage temporel comme moyen
de modifier l’Histoire sont autant de thèmes qui m’intriguent et
m’inspirent dans le domaine de la SF. J’ai fait aussi une
incursion dans le domaine du conte pour parler des camps de
concentration.
Il
m’est arrivé également d’écrire quelques fanfictions pour
répondre à des appels à textes : une dans l’univers de
Toxic, pour un AT lancé par Walrus Books, et une avec les
personnages de La Horde du contrevent, d’Alain Damasio,
lancé par Folio SF (j’ai remporté le premier, mais pas le
deuxième). Et parfois de réagir à l’actualité à travers de
nouvelles : une nouvelle sur le cynisme de la téléréalité,
un hommage aux victimes du terrorisme, un coup de gueule dans
l’entre-deux tours des présidentielles cette année. Tous ces
textes sont en lecture gratuite sur mon blog et
sur Wattpad.
Qui
vous a donné l'envie d'écrire à votre tour ? Quel est votre
objectif lorsque vous écrivez ? (Donner du plaisir, vous
évader, faire partager, etc.)
En fait,
j’écrivais déjà quand j’étais gamin, notamment un livre dont
on est nous-mêmes le héros. Et puis, j’ai arrêté au moment de
l’adolescence. Et puis, j’ai recommencé suite à Quai des Bulles
2012 à Saint-Malo : voir tous ces auteurs m’a fait me rendre
compte que c’était des gens ordinaires et que s’ils y
arrivaient, alors je pouvais le faire aussi !
Du coup, je me
suis remis à l’écriture, d’abord par des ateliers sur un forum,
pour m’amuser, puis j’ai très vite eu tellement d’idées qui
se bousculaient dans ma tête que je me suis concentré sur mes
textes.
Mon objectif
premier est de me faire plaisir (difficile sinon de faire quelque
chose longtemps) et parfois, j’ai envie de faire passer un message
(plutôt d’ordre moral, philosophique ou politique). Le second est
de faire plaisir à mes lecteurs, de leur offrir un moment de lecture
divertissant. J’espère sincèrement que c’est le cas et, au vu
de certains commentaires Amazon, cela semble l’être pour certains
d’entre eux. Là, je pense à un avis récent d’Esmeralda , une chroniqueuse littéraire qui a adoré une de mes
nouvelles, intitulée La Clé du camp (celle qui parle des
camps de concentration). Ce genre de retours fait vraiment plaisir.
Comment
s'est déroulé l'écriture du roman (ou des romans) ?
Alors
je vais parler de celui que je viens de commencer à corriger :
Une Cité sous influences. Je m’étais lancé lors d’un
NaNoWriMo il y a déjà 2-3 ans. L’inspiration m’était venue
suite à un appel à textes qui demandait d’imaginer l’humanité
dans mille ans. J’avais écrit une nouvelle peu satisfaisante où
l’amiral d’un vaisseau spatial prenait la lourde décision de
détruire la Terre… Puis, je m’étais interrogé sur la suite
d’évènements qui avaient pu mener à une telle tragédie et tout
un univers a jailli sur mon écran… Un univers où les humains ont
colonisé le système solaire : des planètes, des lunes, mais
aussi des cités orbitales construites de toutes pièces.
J’ai
écrit le roman sur la trentaine de jours du NaNoWriMo. Et puis je me
suis pris la tête en le comparant à d’autres enquêtes
policières, à des thrillers beaucoup plus « procéduriers »…
Alors j’ai commis une erreur : réécrire entièrement le
roman en mode « sérieux ». J’ai tué toute la
spontanéité et l’humour qui régnaient dans la première version,
je me suis emmêlé les pinceaux dans les éléments de l’enquête,
et j’ai finalement abandonné avant d’avoir fini cette V2.
Du
coup, pour mes corrections, je suis reparti de la première version,
beaucoup plus fun ! Ça se sent que j’ai pris plaisir à
l’écrire ;) Il y a bien sûr pas mal de choses à revoir,
notamment pour donner un côté plus rigoureux à l’enquête. Mais
rien d’insurmontable.
Comment
s'est passé le choix de la couverture du roman ? Y avez-vous
participé ? Si non, qu'auriez-vous changé ?
En
fait, j’avais une idée assez précise de l’aspect extérieur de
la cité spatiale où se déroule l’intrigue. Du coup, j’ai écumé
les sites d’images et j’ai trouvé une image de John Harrissur Pinterest qui illustrait bien ce que je voulais faire :
une cité spatiale au-dessus de la Terre. J’ai finalement acheté
une image de Victor Habbick sur Fotolia et conçu la couverture
moi-même en ajoutant Mars derrière la Terre. Même si cela ne
respecte pas les échelles astronomiques, cela illustre les tensions
politiques et les enjeux qui opposent les deux planètes dans le
livre.
J’ai
hâte de pouvoir la diffuser en annonçant que le livre est
finalisé !
Vous
imposez-vous un rythme d'écriture ou écrivez-vous quand
l'inspiration est là ?
Je
dirais que je fonctionne par périodes. Il m’est arrivé de me
pousser à écrire tous les jours, notamment lors de premiers jets,
ça permet de rester dans le ton, de ne pas perdre le fil, de se
faire bien plaisir en expérimentant un processus d’écriture au
long cours. Mais il y a eu d’autres périodes où je n’avais
vraiment pas le temps et où j’écrivais par à-coups, parfois une
nouvelle en un week-end complet, puis les corrections le week-end
suivant.
En
fait, c’est variable selon mes disponibilités, mes envies, mes
priorités. Pour certaines personnes, la routine d’écriture est
très bénéfique et elle l’a été aussi pour moi à certains
moments. Le mieux reste de s’écouter et de savoir comment on
fonctionne. Mais je pense que, d’une manière générale, se faire
violence n’est jamais bon.
Pourquoi
avoir choisi l'auto-édition ?
Très
vite avec mes nouvelles, j’ai eu de la matière à publier et,
estimant que les revenus issus de l’édition classique étaient
dérisoires au vu du travail fourni (souvent, les nouvelles
n’apportent aucun revenu), j’ai décidé de m’autoéditer.
Je
ne me doutais pas à quel point j’allais apprécier cela :
tant la création de couverture que le contact direct avec mes
lecteurs, ou encore d’autres aspects comme faire moi-même mes
corrections ortho-typographiques (eh oui, j’aime bien ça !),
formater mes livres pour l’édition papier ou numérique,
communiquer sur mon travail via ma newsletter ou les réseaux
sociaux.
Je
suis extrêmement libre dans mes choix éditoriaux et c’est très
appréciable. Cependant, l’autoédition devient vite chronophage,
difficile de tout faire à fond, et quand il y a des ratés, je ne
peux m’en prendre qu’à moi… Mais cela fait partie du jeu.
Et
le gros plus, c’est la bonne ambiance qui rège entre les auteurs
indés :D Il y a du partage et de l’entraide, c’est très
agréable. J’ai fait récemment mon premier salon, labellisé
« Auteurs indépendants », tout près de chez moi. On
était une dizaine, la journée fut bonne, le contact avec les
lecteurs aussi (ils étaient surtout curieux de savoir comment on s’y
prenait et qu’est-ce qui nous différenciait de l’édition à
compte d’auteur). Suite à cela s’est montée une association :
les Auteurs Indépendants du Grand Ouest , qui a
pour vocation d’organiser d’autres évènements de ce genre !
Comment
avez-vous vécu l’enthousiasme des premiers lecteurs ? Le
retour des critiques, positives comme négatives.
Les
premiers commentaires positifs sur Amazon (parce que ça a commencé
par là), je les ai vraiment vécus comme une gratification par
rapport à mon travail. Quelques lecteurs m’ont écrit directement
(mail et blog) et j’ai également été ravi d’échanger avec eux
sur leurs impressions.
Et
puis, j’ai commencé à me mettre la pression : maintenir la
qualité, maintenir une certaine productivité pour publier
régulièrement, pour ne pas décevoir les lecteurs… En fait, ça
peut vite tourner à l’enfer quand on n’est plus centré sur soi,
mais sur ce que pensent les autres. Il m’a fallu un moment pour me
défaire de ce stress et parvenir à rester focalisé sur ce qu’il
me faisait plaisir d’écrire, tout en respectant mon rythme de
travail (cf. réponse plus haut).
Il
est important d’accepter aussi que ce que l’on écrit ne peut pas
plaire à tout le monde et que tous nos textes ne vont pas toucher le
public de la même manière ou avec la même intensité. Et en plus,
des fois, ça n’a pas grand-chose à voir avec la quantité de
travail… Suite au résultat du premier tour des présidentielles,
j’ai écrit un très court texte d’un jet, en deux heures, je n’y
ai presque apporté aucune modification et il a beaucoup touché les
gens : Les Quinze kilomètres les plus horribles de mavie. Cela me fait voir qu’il y a
une large part d’inconnu et d’imprédictible dans la façon dont
les gens vont recevoir le texte.
Quant
aux commentaires négatifs sur Amazon, le premier m’a beaucoup
affecté. Je l’ai vécu comme une injustice, je me suis dit que la
personne avait mal lu ou mal compris… Et puis, j’ai pris du recul
et j’ai décidé de ne pas répondre. Quelle importance,
finalement ? Comme je l’ai déjà dit, il est impossible qu’un
texte plaise à tout le monde, il faut l’accepter. Et accepter
qu’en publiant (= en rendant quelque chose publique), on s’expose
au regard et aux retours du public. Si on n’est pas prêt à cela,
il ne faut pas publier.
En
plus, il paraîtrait même que quelques commentaires négatifs
crédibilisent les positifs ;)
Sur
quel projet êtes-vous en ce moment ?
Plusieurs !
Trois en fait…
Et
vous, vous êtes capable de faire deux choses à la fois ?
C’est une nouvelle fantastique un peu étrange, une histoire de
dédoublement. Elle est déroutante, mâtinée d’humour noir,
j’avoue que je ne sais pas très bien quoi en penser. Je suis sur
le point de la publier ce mois-ci en numérique.
Saleté
de chat ! C’est un roman pour ado de 10 à 14 ans, que je
vais publier sous mon nom de plume consacré à la littérature
jeunesse : Rémi Brunet LIEN BLOG. J’attends la couverture de
l’illustrateur et je suis prêt à publier ! En voici un court
résumé : une sorcière vivant en HLM mange par mégarde le
chat de son petit voisin (tout le monde sait qu’elles en ont besoin
pour régénérer leurs pouvoirs magiques). Le gosse a le cœur
fendu, alors elle décide de ressusciter le chat. Mais bon, les lois
du monde ésotérique étant ce qu’elles sont, tout ne va pas se
passer exactement comme elle le souhaite…
Et
comme je le disais plus haut, j’ai commencé les corrections d’un
de mes romans de SF, Une Cité sous influences : une
enquête sur des crimes commis contre des ressortissants terriens sur
une cité spatiale. Et c’est l’inspecteur Herbert Chemker qui s’y
colle et qui risque sa place, d’autant que la dernière victime
n’est autre que l’Ambassadeur terrien… Héhé, je retrouve le
plaisir que j’avais eu en écrivant le premier jet de ce roman !
J’espère pouvoir le publier début 2018.
Si
vous pouviez donner vie à l'un de vos personnages, lequel
choisiriez-vous et pourquoi ?
Héhé,
ce serait le protagoniste d’Une Cité sous influences :
Herbert, le détective martien exilé sur une cité orbitale pour
fuir son ex-femme qui le harcèle. J’aime beaucoup son attitude
désabusée et son humour caustique. Je pense que je le trouverais
touchant, abritant les insatisfactions de sa vie derrière une
mauvais humeur de façade. Il porterait sûrement un regard très
critique sur notre société moderne, ses incohérences, ses
contradictions…
Auriez-vous
des conseils d'écriture pour nos jeunes débutants ?
Oui :
cultiver la patience et faire preuve d’indulgence envers soi.
La
patience, car il faut laisser le temps à une idée de mûrir avant
de l’écrire, le temps à un texte de maturer au cours de maintes
et maintes réécritures et corrections avant de le publier, le temps
à notre esprit d’acquérir des habitudes de travail, le temps de
se professionnaliser que l’on soit auteur publié à compte
d’éditeur ou que l’on fasse le choix de l’autoédition. Le
métier d’auteur est un métier qui s’apprend, comme tous les
autres.
L’indulgence
pour soi, car on a souvent tendance à être très exigeant
concernant nos premiers jets, ce qui peut devenir contreproductif et
paralysant. On est parfois tenté de se comparer à ce qu’écrivent
d’autres auteurs, ceux qui sont publiés et que l’on apprécie.
Dites-vous bien que ces textes publiés ne sont pas des premiers
jets, mais des versions 5, 10 ou 50 du texte qui n’a peut-être
plus rien à voir avec sa version initiale. Alors comparons ce qui
est comparable, laissez-vous le droit de faire un premier jet
imparfait, plein de défauts, et retroussez-vous les manches pour le
corriger ! Retour au premier conseil : la patience ;)
Un
petit mot pour la fin ?
Oui, je ne saurais trop conseiller aux
auteurs de soumettre leurs textes à la bêta-lecture et de la
pratiquer eux-mêmes sur les textes d’autrui. Pour peu que ce soit
fait dans un cadre bienveillant, cela peut être extrêmement
enrichissant et formateur ! En tout cas, ça l’a été pour
moi sur le forum CoCyclics. Je ne sais pas
comment les auteurs faisaient avant l’apparition du traitement de
texte et d’Internet…
Audrey, merci beaucoup de m’avoir
reçu sur ton blog !
À bientôt.
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