#JeudiAutoEdition - Qui sont ces auteurs ? #3


Bonjour tout le monde,

Les habitués du blog l'auront remarqué, depuis plusieurs mois, je suis devenue une grande adepte de l'auto-édition (et j'adore !). 
J'ai donc remarqué que beaucoup de jeunes auteur(e)s cherchaient à se faire connaître et pour les aider, en humble lectrice que je suis, chaque semaine, je mettrais en avant un auteur en lui posant quelques questions ! 


- Cette semaine, c'est au tour de I.M. Nancy, auteure de l'Ordre Terne.


Pour commencer, pouvez-vous nous faire une petite présentation rapide pour ceux et celles qui ne vous connaissent pas encore ? (D'où vous venez, les études faites, etc.)

Je suis ce qu’on appelle un jeune auteur dans le sens où mon premier ouvrage - le livre 1 de l’Ordre Terne intitulé La Prophétie des Sables - date de l’année dernière. Je consacre aujourd’hui la majeure partie de mon temps à écrire mais avant cela, j’ai travaillé une douzaine d’années dans la publicité, et avant cela encore, après avoir collaboré avec Hubert Nyssen, le fondateur des éditions Actes Sud, j’ai étudié la philosophie pendant près de huit ans.

Quel est votre univers livresque ?

C’est un vrai fourre-tout ! Les univers de l’imaginaire ont une bonne place dans ma bibliothèque (avec une prédilection pour la SF), mais on y trouve aussi beaucoup d’auteurs classiques, d’essais, de thrillers. Je ne me lasse pas de Dostoïevski, d’Ellroy, et j’ai l’habitude de lire plusieurs livres en même temps, que je choisis en fonction de mes humeurs. Je passe de Racine à Stephen King sans sourciller. Ces dernières années, je suis sidérée par la qualité du storytelling américain notamment, et pour ne citer que lui je trouve Aaron Soorkin proche du génie. Pour moi The West Wing relève du pur chef-d’oeuvre de narration. Tout comme Battlestar Galactica (la seconde adaptation).


Qui vous a donné l'envie d'écrire à votre tour ? Quel est votre objectif lorsque vous écrivez ? (Donner du plaisir, vous évader, faire partager, etc.)

J’écris depuis de très longues années mais avant l’Ordre Terne, rien qui ne dépasse la centaine de pages… Mes tiroirs regorgent d’inachevés. Je pense que nous sommes très nombreux dans ce cas-là : c’est assez difficile de trouver à la fois la conviction, l’obstination et le grain de folie nécessaires pour écrire un livre jusqu’au bout. Allez savoir pourquoi c’est avec la fantasy que j’ai réussi le pari de raconter une histoire sur le long cours. C’est probablement parce que j’ai commencé ce récit comme un simple exercice, sans me préoccuper du résultat. Le plaisir que j’ai toujours pris à voyager dans des mondes imaginaires me semblait valoir le coup d’essayer de créer le mien. Puis le pari s’est mué en vrai travail, et finalement j’ai entassé des milliers de feuillets que je n’avais pas le coeur de laisser au fond d’un tiroir.


Comment s'est déroulé l'écriture du roman (ou des romans) ?

L’idée me vient de mon amoureux : le coeur de l’intrigue, le système de magie, les personnages principaux… Nous étions en voyage en Ecosse, sous la pluie, en train de grignoter de la panse de brebis et d’imaginer les règles secrètes de l’Ordre Terne au coin du feu. C’est un grand amateur de jeux de rôles, un fan absolu de Star Trek et du Mordor. L’histoire qu’il me racontait en sirotant son whisky m’a plue, alors je l’ai écrite.


Vous imposez-vous un rythme d'écriture ou écrivez-vous quand l'inspiration est là ?

Un peu des deux. Je ne suis pas un parangon de discipline… Si je ne me secoue pas les puces, je rêvasse plus qu’autre chose. Aussi, je me mets tous les jours devant mon ordinateur. Parfois je passe des heures carrées pour écrire deux mauvaises phrases, parfois je noircis des pages jusqu’à des heures obscènes sans m’en rendre compte. J’ai beaucoup appris en écrivant l’Ordre Terne. Il y a une part d’inspiration un peu magique dans le processus, mais la vérité c’est qu’il n’y a aucune inspiration sans travail. A part peut-être quand je me réveille la nuit avec des bouts d’histoire sur le bout de la langue. Mais ce ne sont que deux ou trois mots qu’il faut ensuite étirer dans tous les sens comme une pâte à pizza avant de la faire cuire.


Pour avoir choisi l'auto-édition ?

D’abord pour des raisons évidentes : les éditeurs ne courent pas après les auteurs, surtout ceux qui s’attellent à des projets de saga qui parlent de magiciens. Et ce n’est pas J.K Rowling ou David Eddings qui diront le contraire ! On ne les a pas vraiment attendus… Au début du moins ! Malgré quelques succès phénoménaux, la fantasy est un genre encore considéré comme mineur, s’adressant à un lectorat très spécifique. J’ai envoyé les premiers jets de l’Ordre Terne à quelques éditeurs mais franchement, c’était parfaitement inabouti et je comprends qu’ils ne m’aient pas répondu pour la plupart (même si c’est très impoli). Ceci étant dit, ce n’est pas la seule raison. Je trouve que l’auto-édition est un outil fantastique. D’une simplicité absolue, pour un résultat bluffant. D’autant que tout le monde ne s’attend pas forcément à gagner le Nobel. Tous ceux qui ont une histoire à raconter ont désormais la possibilité de la partager peu importe qu’ils aient dix lecteurs ou cent mille. Avoir un public est une formidable expérience. Cela crée un écosystème absolument fou duquel on verra, j’en suis certaine, émerger de grands talents (c’est déjà un peu le cas). Ceci étant dit, pour avoir côtoyé l’édition classique, il faut admettre que pour l’instant rien ne remplace l’oeil avisé d’un éditeur, ses conseils, son soutien… Fabriquer un livre et réussir à raconter une histoire de la meilleure façon possible sont deux choses différentes. Les bons éditeurs font un travail d’accompagnement que l’auto-édition ne permet pas.


Comment avez-vous vécu l’enthousiasme des premiers lecteurs ? Le retour des critiques, positives comme négatives.

C’est très cliché de le dire, mais je ne soupçonnais pas l’énergie que représente le fait d’avoir des lecteurs. Je m’imaginais bien que quelques personnes tomberaient sur mon livre, mais la réalité a largement dépassé mes attentes. Les réseaux sociaux donnent une puissance nouvelle, quasiment en direct, et ouvrent des perspectives tout autant magnifiques que terrifiantes. Avoir des lecteurs, ce sont d’immenses joies et beaucoup d’angoisses imprévues !
Très prosaïquement, je n’avais pas anticipé l’impact des réactions des lecteurs sur mon travail. Pour tout dire - ça doit être mon éternel côté optimiste - j’ai eu beaucoup de retours positifs et constructifs sur l’Ordre Terne. Dans la majorité des cas, même les critiques ont été bienveillantes. De nombreux bloggers par exemple ont lu le premier livre et ceux qui n’ont pas aimé ont souvent intelligemment argumenté leur ressenti. Je dois reconnaître que la plupart des remarques étaient justifiées. Elles m’ont permis de revoir les erreurs du livre 1 et d’en préparer une version optimisée que l’auto-édition me permettra de proposer bientôt avec un simple upload.
La merveilleuse surprise a surtout été de découvrir les lecteurs enchantés (sans eux, j’aurais peut-être rouvert mon tiroir spécial ‘histoires inachevées’ et laissé tomber le livre 2). J’ai recopié sur des posts-its des phrases qui m’accompagnent dans mon écriture et me boostent dans les moments de doute. Savoir que l’on donne du plaisir à des gens est une incroyable récompense. Je suis également admirative du travail accompli par les bloggers. Non seulement comme critiques, mais également comme supporters. Certains d’entre eux ont véritablement influencé mon écriture, dans tous les sens du terme.
Quant aux vrais déçus, ceux qui sont très contrariés par la lecture de l’Ordre Terne, je les compte sur les doigts d’une seule main. Mais j’imagine que pour la plupart ils n’ont pas pris la peine de se manifester, ce que je trouve plutôt délicat de leur part !


Comment s'est passé le choix de la couverture du roman ? Y avez-vous participé ? Si non, qu'auriez-vous changé ?

Pour les deux livres j’ai tenu à développer ma propre couverture. J’ai donc fait appel à deux illustrateurs que j’ai briefés sur ce que j’avais en tête. Ils ont été très à l’écoute et je suis très contente du résultat. C’est un investissement non négligeable, c’est vrai, mais les gens achètent mon livre, le glissent dans les rayons de leur bibliothèque ou le téléchargent sur leur tablette, et je trouve important qu’ils aient en main le même objet que j’aimerais avoir.


Si vous pouviez donner vie à l'un de vos personnages, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?

Ah ! Intéressante question ! Je sais que ce n’est pas le personnage le plus sympathique, mais j’aime beaucoup Berendor Cairn. C’est un homme qui nage dans la contradiction (voire dans la schizophrénie). Il s’est assigné une noble tâche et regrette chaque jour d’avoir à l’assumer. Cela en fait quelqu’un de parfaitement instable, plus perdu qu’il ne voudrait l’admettre. D’autres personnages me semblent prometteurs mais ils n’ont pas encore pris toute leur ampleur. C’est le problème avec les sagas, il faut attendre que les héros grandissent !


Sur quel projet êtes-vous en ce moment ?

A la fois sur les corrections du livre 1, sur l’écriture du livre 3, et sur trois autres projets : un roman de science-fiction, un thriller politique et ce que j’appelle un ‘divertissement’, un petit livre à lire dans le métro pour garder le sourire.


Auriez-vous des conseils d'écriture pour nos jeunes débutants ?

Plein ! Il y a de quoi écrire un livre là aussi. Je prends beaucoup de notes en écrivant parce que je rencontre beaucoup de problèmes et que, lorsque j’arrive à m’en sortir, je me rends compte qu’il y a des ‘astuces’. J’aurais aimé avoir les conseils d’un écrivain plus expérimenté ou bien sûr ceux d’un éditeur. L’écriture est souvent un apprentissage assez solitaire alors même qu’il y a un savoir-faire très codifié.
J’ai beaucoup lu les récits autobiographiques sur le process d’écriture, les story-tellers, les scénaristes, les écrivains classiques. Un bon nombre d’entre eux abordent les problématiques avec finesse et lucidité car tous les écrivains rencontrent les mêmes barrières. En vérité, les meilleurs conseils restent toujours les mêmes. Comme le répétait Hubert Nyssen, il faut savoir s’adorer en écrivant et se détester en se relisant. Surtout pas l’inverse. Et bien sûr, il faut lire, lire, écrire, écrire sans fin, relire et recommencer. C’est très compliqué de ‘jeter’ un paragraphe qui nous a pris deux semaines à écrire. Mais des sacrifices doivent être faits parce qu’à moins de vouloir finir dans le tiroir des inachevés, un texte doit s’affranchir de son auteur.


Un petit mot pour la fin ?

Ce seront ceux de Louis Ferdinand Céline dans Voyage au bout de la nuit : « Des mots, il y en a des cachés parmi les autres, comme des cailloux. On les reconnaît pas spécialement et puis les voilà qui vous font trembler pourtant toute la vie qu'on possède, et tout entière, et dans son faible et son fort... C'est la panique alors... Une avalanche... On en reste là comme un pendu, au-dessus des émotions... C'est une tempête qui est arrivée, qui est passée, bien trop forte pour vous, si violente qu'on l'aurait jamais crue possible rien qu'avec des sentiments... Donc, on ne se méfie jamais assez des mots, c'est ma conclusion. »

Et même si Céline aime avoir le mot de la fin, j’ajoute quand même un grand merci à vous !


Commentaires

  1. Très bon article sur l'art d'écrire, avec une fine analyse de l'(auto)édition par un auteur qui s'y connait apparement. Très bonne idée aussi ce blog :-)

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