#JeudiAutoEdition - Qui sont ces auteurs ? #11
Le #JeudiAutoEdition est un rendez-vous que je suis de très près depuis un petit moment et n'ayant pas toujours une lecture sous la main, je préfère mettre en avant un ou une auteur auto-éditée, ce qui, je l'espère, vous permettra de le ou la connaître un peu plus et pourquoi pas, la curiosité fera le reste ...
Cette semaine, c'est au tour de Florence Duquesne
Pour commencer, pouvez-vous nous
faire une petite présentation rapide pour ceux et celles qui ne vous
connaissent pas encore ? (D'où vous venez, les études faites,
etc.)
J'ai eu plusieurs
vies, j'ai souvent changé d'activités et de pays. En France, j'ai
travaillé avec le groupe Bérurier Noir, avec Sergent Garcia et avec
la Compagnie Tamèrantong, génialissime troupe d'enfants acteurs.
Quel est votre univers livresque ?
De Laurence Sterne
à Paul Auster chez les anglos en passant par Nabokov et Salman
Rushdie. Une lignée impressionnante qui me fait me sentir toute
petite. Chez les français, j'admire particulièrement Sylvie Germain
qui construit une oeuvre puissante et originale.
Qui vous a donné l'envie d'écrire
à votre tour ? Quel est votre objectif lorsque vous écrivez ?
(Donner du plaisir, vous évader, faire partager, etc.)
Helno, chanteur
des Négresse Vertes m'a donné envie d'écrire. Le meilleur de sa
génération, poète sans frontière, toujours écouté en Angleterre
! J'ai commencé par écrire des chansons, puis des poèmes. Je suis
ensuite passée à l'écriture de romans que j'ai tardé à publier.
J'aime avant tout jouer avec les lecteurs/lectrices pour installer
une complicité entre eux et moi. Je construis mes livres comme des
énigmes où le sens peut paraître flottant. C'est à chacun/chacune
de le reconstruire à sa manière. Les fins ouvertes sont pour moi le
moyen de rendre définitivement la parole aux lecteurs. Je laisse des
pistes; je balise mais c'est à celles et ceux qui me lisent de
recréer le sens pour leur compte.
Comment s'est déroulé l'écriture
du roman (ou des romans) ?
J'ai écrit
Illusions parallèles en un
mois en écrivant tous les jours. J'ai mis ensuite plus d'un an et
demi à le retravailler. J'accorde de l'importance à chaque détail,
à chaque phrase puis je fais relire le texte par une amie pro de la
grammaire et de la syntaxe et nous discutons. Je laisse des
imperfections lorsqu'elles me parlent, lorsque les maladresses sont
porteuses de signification. Je m'y suis prise de la même façon pour
Cuit sur le vif.
Vous imposez-vous un rythme
d'écriture ou écrivez-vous quand l'inspiration est là ?
Je choisis une
période de congés dans le but d'écrire un nouveau roman tout en
sachant que le véritable travail commencera ensuite. Le premier jet
est une libération. Écrire sans répit est pour moi un véritable
plaisir. J'analyse ensuite mon texte comme si quelqu'un d'autre
l'avait écrit. Je traque les incohérences de lieux, de noms de
personnages, de dates et vérifie que le texte fonctionne.
Pourquoi avoir choisi
l'auto-édition ?
J'ai choisi
l'auto-édition parce que beaucoup de maisons d'éditions ne lisent
que des manuscrits papiers et j'aurais aimé pouvoir leur envoyer mes
romans en un clic.
J'ai choisi
l'auto-édition après une mauvaise expérience auprès d'un éditeur
qui a fait faillite depuis.
J'ai choisi
l'auto-édition parce que je vis à l'étranger et que face à mon
ordinateur je suis un peu en France.
Comment avez-vous vécu
l’enthousiasme des premiers lecteurs ? Le retour des
critiques, positives comme négatives.
Il m'arrive
d'entendre tout et son contraire au sujet du même livre : « J'ai
lu les trois-quarts du livre avec plaisir puis j'ai décroché »,
« Je me demandais quand le livre décollerait. C'est la fin qui
fait tout son intérêt. » Au sujet d'Illusions parallèles
un lecteur a écrit sur Amazon : « Intrigant ou agaçant
? J'ai ressenti quelque agacement sans pour autant parvenir à
l'abandonner. » Réflexion faite, même si le lecteur n'a mis
que trois étoiles au roman, je trouve cette critique plutôt
positive.
Comment s'est passé le choix de la
couverture du roman ? Y avez-vous participé ? Si non,
qu'auriez-vous changé ?
La couverture !
Beaucoup plus difficile de créer une couverture que d'écrire un
livre :)) Une véritable angoisse. J'ai donc opté pour une
couverture de base réutilisable pour chacun de mes romans avec un
fond différent pour donner une unité à l'ensemble : des tranches
de vinyles comme autant d'illusions parallèles pour le roman du même
nom et une capture d'écran de cellules au microscope, retravaillées
sur Photoshop, pour Cuit sur le vif.
Si vous pouviez donner vie à l'un
de vos personnages, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?
Je choisirais VD
(Valérie Domenech) mère « parfaite » ou égérie grunge
selon les époques et les miroirs dans lesquels elle se reflète. VD
pourrait parfaitement quitter Illusions parallèles pour
se métamorphoser à souhait puisque les droites parallèles
représentent une infinité d'existences potentielles. Elle garderait
cependant toujours un côté désagréable dû à sa perfection
latente même sous les masques les plus hétéroclites. C'est la
perfection qui fait d'elle un monstre.
Sur quel projet êtes-vous en ce
moment ?
J'ai terminé À
tous les échos, roman à
paraître en avril/mai qui fonctionne comme une enquête : retrouver
le secret de famille qui hante les personnages et le texte.
J'écris des nouvelles et des poèmes que je publie sur Short
Édition.
J'espère
aussi avoir le temps de proposer un autre roman, Body
Teller, sur Wattpad, sous forme
de feuilleton.
Auriez-vous des conseils d'écriture
pour nos jeunes débutants ?
Ne pas
s'auto-censurer même s'il faut parfois du courage pour assumer
certains choix. Faire preuve d'une redoutable organisation qui me
fait encore parfois défaut.
Un petit mot pour la fin ?
Cuit sur le vif
occupe une place particulière
parmi mes livres. Je l'ai écrit à la mort de mon père et Jean-Luc
Romero — président de l'Association pour le Droit de Mourir dans
la Dignité — a accepté d'en écrire la préface. Ce livre n'est
pas uniquement un témoignage sur une fin de vie entachée de
souffrance inutile. C'est un hommage et une réécriture. Je m'y
représente sous les traits d'Alice qui a pour père un autre moi.
J'ai fait de mon père un auteur alors qu'il n'écrivait pas. J'ai
ainsi souhaité me présenter comme son héritière. Je suis partie
de faits réels qui ont débouché sur une fiction qui dit la douleur
mais aussi l'espoir.
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