#JeudiAutoEdition - Qui sont ces auteurs ? #63 - Zoom sur Mélissandre L
Le #JeudiAutoEdition est un rendez-vous que je suis de très près depuis un petit moment et n'ayant pas toujours une lecture sous la main, je préfère mettre en avant un ou une auteur(e) auto-édité(e), ce qui, je l'espère, vous permettra de le ou la connaître un peu plus et pourquoi pas, la curiosité fera le reste ...
Cette semaine, c'est au tour de Mélissandre L
Pour
commencer, est-il possible de vous présenter en quelques mots ?
C'est
toujours un exercice difficile de se présenter si brièvement quand
on aime les pavés. Je m'appelle Mélissandre, le jour j'enfile
différents costumes pour gagner ma vie dans la communication et
l'évènementiel. La nuit, j'essaie de me remettre de mes journées.
Quand j'ai un peu de temps entre les deux, je sors de petites
nouvelles au sein d'un collectif d'artistes appelé Four Horsemen, et
je parle de mes lectures sur mon blog appelé Bas Bleus, d'ailleurs
cette année, j'ai la chance de faire partie du Club Audible. J'ai
aussi des pseudonymes pour tenter quelques expériences dans
certaines littératures de genre, mais je n'aime pas trop mélanger
mes projets.
Quel
genre littéraire appréciez-vous lire ?
Je
lis de tout, même si ma préférence va aux « Classiques ».
Mon premier vrai amour littéraire aura été André Breton, puis le
reste des surréalistes et l'Oulipo. En Master de littérature
américaine, j'ai découvert des auteurs hyper pointus et cela a
continué à forger des attentes particulières de lecture. J'aime
beaucoup la littérature blanche, mais je lis aussi énormément de
genres : noir, sf, jeunesse, tout y passe ou presque, pour moi
chaque genre est un exercice de style. En revanche, je lis assez peu
de romance ou chicklit, je l'avoue, mea culpa. Et parce que je pense
sincèrement qu'un grand auteur peut naître n'importe où (sûrement
comme toi, non ?), je tiens à prendre le temps de lire de nombreux
indés, surtout français parce que les journées ne font que 24
heures !
Quel
est votre top 5 des auteurs favoris ?
André
Breton
Nabokov
Kundera
Kazuo
Ishiguro
Modiano
(C'est
super difficile de n'en sélectionner que 5, pour la peine je mets
aussi T.S. Eliot !)
La vie d'auteure
Depuis
quand vous êtes-vous intéressé(e) à l'écriture ?
J'écris
depuis que je tiens un stylo, même si ça semble prétentieux sans
contexte préalable. J'étais une enfant ultra calme, avec peu d'amis
et les livres ont très rapidement servi à remplir mon univers. J'ai
eu la chance de croiser des enseignants brillants. Quand en CE1, mon
institutrice nous a initiés à la poésie et a présenté nos petits
brouillons maladroits à un prix littéraire régional, ça m'est un
peu monté à la tête. Quand on est récompensé à cet âge-là, on
s'imagine que ce sera toujours le cas... J'ai continué à écrire
dans mes carnets presque tous les soirs de mon enfance et de mon
adolescence. Beaucoup plus de poésie et d'entrées de journaux que
de la fiction parce que jamais je n'aurais osé imaginer avoir le
talent d'un des nombreux auteurs que j'aimais. Et puis, ça ne se
fait pas dans ma famille d'être auteur ou poète, ce « n'est
pas un vrai métier ». À 16 ans, à l'âge de mes premières
ébauches de roman quelqu'un de précieux est tombé sur ce que
j'écrivais et m'a dit que je serais bien bête, si jamais je
n'essayais pas d'en faire quelque chose. Depuis j'essaie, sans le
succès imaginé par la petite fille de 7 ans qui vivait en moi.
Enfin, c'est toujours mieux que de tout laisser moisir dans mes
carnets !
Qu'est-ce
qui peut faire l'objet d'inspiration pour vous ?
Tout,
c'est ça qui est fantastique ! J'ai la capacité d'attention
d'un ivrogne lâché dans un open-bar, tout me donne envie de
raconter des histoires : des choses vécues, vues, senties,
goûtées ; des personnes rencontrées ou justement qui ne sont
jamais vraiment apparues dans ma vie ; les chemins des membres
de ma famille, les faits divers, mes petites névroses... Tout peut
devenir une histoire, ce qui devient un vrai challenge, c'est la
façon de la présenter au monde.
Quel
est votre rythme d'écriture ?
Quand
j'étais fraîche et que je ne m'étais pas pris une centaine de
portes éditoriales dans la figure, j'arrivais facilement aux 10
pages par jour, le rêve ! Depuis quelques temps, c'est beaucoup
plus compliqué pour moi d'allier écriture créative, écriture
publicitaire, autres travaux alimentaires et perte de confiance
incontrôlable. Si je peux écrire une page juste pour moi, je suis
heureuse. Cela ne me suffit pas, cela ne suffit même pas pour
exister en temps qu'auteure dans un monde où tout le monde produit
et publie tout le temps. Néanmoins, j'ai connu des jours où je
n'avais même pas le temps ou l'énergie d'une page. Alors c'est
mieux que rien, que va piano etc.
Si
vous pouviez donner vie à l'un de vos personnages, lequel
choisiriez-vous ?
Aucun
de ceux qui n'ont été lus pour le moment. Si leur vie n'est pas
toujours rose, je pense qu'ils sont mieux au chaud dans mes pages à
pouvoir exister plus longtemps que moi, à n'avoir jamais à se
soucier des impôts ou de l'URSSAF...
Sur
quel(s) projet(s) travaillez-vous actuellement ?
2000
trucs différents pour changer... J'essaie de terminer cet hiver, un
gros projet Young Adult qui me sort par les narines vu le temps passé
dessus, c'est mon petit Everest. Aprè,s j'ai encore 2 projets de
romans contemporains à terminer avant de revenir à mes nouvelles.
L'idée, c'est de prendre le temps de faire un projet Bradbury sur
une année, mais je ne sais pas quand cela sera possible. Comme nous
sommes début janvier, j'espère encore que 2018 sera plus brillant
que 2017.
Comment
avez-vous vécu l’enthousiasme des premiers lecteurs ? Le
retour des critiques, positives comme négatives.
Je
pense que cette question s'adresse plus à des auteurs confirmés,
j'ai encore un lectorat très fermé. Et beaucoup de chance parce que
mon peu de lecteurs/trices, m'encourage énormément et sont très
bienveillants. D'ailleurs, s'ils passent par ici, je leur fais à
tous une grosse bise, c'est un soutien qui n'a pas de prix et qui
vaut toutes les difficultés rencontrées par ailleurs. Le peu de
critique est plutôt venu du côté éditorial ou lors de
présentation de mes romans à des speed-dating de l'édition. Il
s'agissait de critiques très dures à vivre, mais toujours
pertinentes. Il me manque une profondeur, une maturité et une
fluidité, j'en ai conscience. J'espère un jour avoir l'occasion de
travailler cela avec un/e éditeur/trice ou quelqu'un qui me
permettrait de prendre assez de recul sur un texte pour lui donner
une dimension vraiment professionnelle. En attendant, je continue de
faire mes petits châteaux dans le sable des indés.
-
La publication -
Comment
s'est passé votre parcours pour l'auto-édition ?
J'ai
sorti en 2011 un premier livre chez Tana plutôt à destination des
enfants, en espérant que l'éditrice qui travaillait aussi chez Plon
pourrait m'accorder un peu d'attention pour mes romans « sérieux ».
Ma naïveté avait la dent dure. J'ai assez mal vécu cette
expérience de n'être qu'un numéro, de n'avoir aucun contrôle sur
quoi que ce soit. Puis, j'ai publié quelques histoires interactives
pour une start-up, toujours pour des enfants et c'est là que j'ai
réalisé à quel point j'aimais sortir des sentiers battus. Ça, les
refus perpétuels de maison et l'invitation du collectif Four
Horsemen en 2015 m'ont poussée à tenter gentiment l'expérience de
l'auto-édition. J'avais lu la sélection du premier Prix Amazon et
j'avais été très surprise de la qualité de ces nouvelles plumes,
notamment la grande Solène Bakowski. J'ai aussi découvert une autre
frange de ce milieu par le biais de Neil Jomunsi, auteur indé et
éditeur 3.0 chez Walrus. J'aime le bouillonnement d'idées et la
passion qui circule dans ce microcosme. J'adore recroiser tous ces
auteur/es au Salon du Livre de Paris qui a depuis pris des allures de
réunion familiale. Je n'y ai pas encore une place officielle, je
dois encore faire mes preuves, mais petit à petit, la déception de
n'être personne sur la scène littéraire fait place à la
satisfaction d'exister auprès de ces indés formidables.
Pour
vous, quels sont les avantages ainsi que les inconvénients de cette
méthode de publication ?
L'avantage
est que la prise de risque est moindre, nul besoin de dépenser des
centaines d'euros pour aller démarcher un tapuscrit et faire exister
un texte en indépendant. Et puis n'étant pas non plus un
best-seller, je ne risque pas de critiques trop salées. L'autre
facilité, c'est que l'égo est plus doux du côté des indés. On
reste des humains avant d'être des artistes, on se fait de gros
câlins en se retrouvant tous les ans, chacun a son moment pour
exister. C'est loin d'être le prêchi-prêcha mondain de l'édition
dite classique.
Les
inconvénients, c'est qu'en France, on s'accroche comme des palourdes
à cette image de l'auteur qui doit être publié et si possible dans
une grande maison. Le prestige avant l'âme. Attention, je ne nie pas
qu'il y a parmi les best-sellers, de belles créations, j'ai lu de
nombreux Gallimard l'année dernière. Mais quand un auteur qui écrit
depuis à peine quelques années, sans avoir mon parcours scolaire
littéraire, a la chance d'avoir un réseau (ou une plume) plus
efficace et qu'il peut sortir son premier roman dans une belle
maison... Quand ce même primo-auteur m'explique avec condescendance
qu'on ne fait pas la même chose, c'est une blessure qui dure, qui
empêche de dormir. J'ose espérer, sans avoir le même talent que
lui, je mériterai un jour, un soupçon de déférence.
-
Les petits plus -
Avez-vous
une petite anecdote lors d'une rencontre avec vos fans ?
J'ai
fait très peu de dédicaces jusqu'ici, mais avoir eu mon grand frère
présent à la première sera toujours ma plus grande fierté. Je
sais pertinemment qu'il ne lit pas ce que je fais, mais la
reconnaissance familiale passe évidemment, avant tous les autres
lauriers.
D'ailleurs,
où peut-on vous rencontrer pour boire un café et/ou pour une petite
dédicace ?
En
ce moment, à moins de venir jouer dans un sous-marin où je fais des
extras en tant que game master, on ne me croise pas des masses. Je
passe mon temps à travailler pour rattraper une misère financière
de l'été dernier. Je vais tout faire pour être un peu disponible
lors du prochain Salon du Livre de Paris. Et mon tout petit cercle
fait que je peux encore proposer d'envoyer des versions dédicacées
à la demande, alors n'hésitez-pas !
Une
petite chose à ajouter ?
Juste
un merci Audrey, ça fait longtemps que je suis ton blog et c'est
vraiment agréable de nouer un lien un peu plus durable avec
quelqu'un qui œuvre autant pour l'existence des indés !
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