Philomena


Auteur : Martin Sixsmith
Editions : Presses de la Cité
Nombres de pages : 506 pages
Genre : Biographie - Drame
Prix : 22.50 euros

Lorsqu'elle tombe enceinte en 1952, Philomena Lee n'est qu'une adolescente. Dans l'Irlande de l'époque, avoir un enfant hors mariage est considéré comme un péché. C'est pourquoi sa famille l'envoie au couvent de Roscrea, tenu par des soeurs de Madeleine, comme d'autres « femmes déchues ». Quand son fils Anthony a trois ans, il lui est enlevé afin d'être adopté par de riches Américains. On oblige la jeune femme à signer un document dans lequel elle s'engage à ne jamais chercher à savoir ce que l'église a fait de son enfant.

Philomena a malgré tout dédié les cinquante années suivantes de son existence à chercher son fils, se heurtant sans cesse au silence de l'église. Elle ignore que, de son côté, celui-ci a entrepris la même quête. Rebaptisé Michael Hess, le garçon a fait bien du chemin depuis son adoption : avocat réputé, il a rejoint l'administration Bush. Tout en cachant à son entourage familial et professionnel son homosexualité, puis sa séropositivité. C'est justement parce qu'il se sait condamné qu'il décide de partir en Irlande, sur les traces de sa mère. Pour se heurter lui aussi au mutisme des nonnes…

Il y a quelques semaines, j'ai reçu un mail de Pierre du site Babélio me prévenant qu'il y avait une MC d'organisée sur ce bouquin. Le résumé me plaisant, j'ai postulé et j'ai eu l'honneur d'être choisie. J'en remercie donc fortement Pierre mais aussi les éditions Presses de la Cité.

Je suis encore tellement bouleversée par ce roman, que je ne sais pas encore par où commencer ma chronique. L'histoire peut-être ?
Du temps où l'Eglise régnait sur les décisions du gouvernement, avoir un enfant hors mariage était pointé du doigt, tellement déshonorant, les jeunes filles étaient des pécheresses (et les messieurs alors ? Mise à part Marie, aucune femme n'a réussi à faire des bébés toutes seules !!) se réfugiant donc chez les Soeurs dans une abbaye. Ce fut le cas de Philomena, hélas une jeune fille parmi tant d'autres, 18 ans alors, bouleversée mais une fois son enfant, Anthony, dans ses bras, les émotions d'une maman lui vint tout naturellement. Malheureusement, elle n'était pas dupe, elle savait que cet enfant allait lui être retiré, à l'âge de ses trois ans, comme pour toutes les jeunes filles de l'époque, adopté par une famille de l'autre côté de l'Atlantique. Premier déchirement.
Par la suite, nous suivons l'évolution d'Anthony, rebaptisé Michael, comme son "père" adoptif et Mary, une petite fille née dans le même abbaye qu'il considère comme sa soeur de coeur, sa confidente. Anthony grandit donc en gardant en tête un vague souvenir de sa vraie mère et une fois l'âge adulte atteint, il décide de retourner sur ses terres natales pour la revoir et lui demander pourquoi elle ne voulait plus de lui. L'Eglise se taisant sur son passé, le SIDA le rongeant de plus en plus, l'aventure n'aura pas le goût qu'Anthony aura imaginé ...

Rien que d'y repenser, je lutte pour ne pas pleurer. Etant jeune maman, je me suis tout de suite identifiée à Philomena, ce sentiment lorsque l'on prends pour la première fois son petit, cette joie quand on le regarde dormir ou même sourire, m'imaginer qu'on me la retire comme pour Anthony, j'avais le coeur qui se serrait, une boule au ventre et l'envie de hurler en même temps que Philomena ! Martin Sixsmith a réussi à recueillir des informations percutantes et l'une m'a choquée plus que d'autres ... Lorsque Anthony & Mary sont dans leur nouvelle famille, ce dernier a comme paroles :

"  - Tu te souviens de ta maman ? Pas celle de maintenant mais la vraie.
Mary se mit à sucer son pouce et contempla son frère, les yeux écarquillés.
- Nos vraies mamans, elles ne voulaient pas de nous, parce qu'on était méchants.  "

Même si Anthony arrive plus ou moins à s'adapter à cette vie en ayant fait des études d'avocat, en ayant une vie de couple, un peu tabou d'ailleurs car il a caché de son mieux son homosexualité, son enfance n'a pas été rose. Persécuté par ses "frères" aînés, une mère adoptive limite surprotectrice, un père regrettant ses adoptions ... Même Mary ne trouve pas sa place et part sur un chemin de mauvaise discipline. Le souvenir de leurs mères étant présent jusqu'au bout, les sentiments se mélangent : manque de confiance en soit, incompréhension, colère ...

L'auteur utilise des mots très simples et les explications qu'il donne sont un plus énorme pour la compréhension de l'histoire, qu'elle soit politique (car oui, il y a quelques touches politiques) ou celle des personnages. Les 506 pages se dévorent en très peu de temps. Je m'étais dit : " Bon, si tu lis tant par jour, tu peux le faire en tant de jours." Au final, une soirée/nuit m'a suffit à engloutir plus de 400 pages !

La seule petite chose que je peux "reprocher" à l'auteur est de ne pas avoir fait, en parallèle, un ou deux chapitres sur Philomena après sa sortie de l'abbaye, voir également son évolution après cette tragédie (Appelons un chat, un chat). Mais je pense qu'il n'a pas pu trouver toutes ses informations à temps ou alors il n'a pas voulu enfoncer le couteau dans la plaie encore bien vive après tant d'années !

Ce roman étant adapté au cinéma, j'irai avec grand plaisir (et trois bons paquets de mouchoirs) me glisser dans le noir, le temps de voir toutes mes pensées sur pellicule. 

Pour conclure, je ne peux que vous conseillez de plonger la tête dans ce bouquin. Avec une écriture aussi fluide, aussi vraie qui reflète extrêmement bien les ressentis des personnages ... Je ne sais pas si ce sera un agréable moment vu la poigne du côté dramatique mais si vous n'en sortez pas le coeur peiné, c'est que vous n'avez pas du tout accroché !

20 / 20

Commentaires

  1. Quelle belle chronique il me tente bien !

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  2. Tu parles tellement bien de ce livre que je vais directement l'ajouter à ma wishlist

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  3. Lalys a raison : belle chronique ! Tu donnes envie de le découvrir !

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  4. Oh, je ne connaissais pas mais je crois bien qu'il me plairait !

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