Interview #4 - Octavie Delvaux
Après avoir dévoré les romans d'Octavie Delvaux ( Sex in the Kitchen & Sex and the TV), elle a accepté de consacrer une partie de son temps pour répondre à ma curiosité. Voici donc pour vous, l'interview de cette auteure à la plume unique !
Avant
toute chose, je vous remercie infiniment d'avoir accepter cette
interview, de prendre le temps de lire et répondre à mes
questions ! Je suis extrêmement touchée.
Pour
commencer, pouvez-vous nous faire une petite présentation rapide
pour ceux et celles qui ne vous connaissent pas encore ? (D'où
vous venez, les études faites, etc.)
Je
suis née en France mais j’ai beaucoup voyagé étant enfant et
adolescente. Puis j’ai fait des études d’Histoire et de langues
à la Sorbonne. Je me suis spécialisée dans la recherche sur des
manuscrits médiévaux rares. Pas grand-chose à voir avec
l’érotisme, quoi que… Déjà à l’époque, j’ai travaillé
sur un ouvrage de gynécologie et d’obstétrique du XVème siècle
avec, en creux, beaucoup de questions sur la sexualité et la
condition féminine.
Quel
est votre univers livresque ?
J’ai
lu mes classiques, certains avec passion, notamment Zola, Sweig, et
Hamsun. Aujourd’hui je dirais que mes lectures suivent plus ou
moins l’actualité littéraire, je pioche ce qui m’interpelle
parmi les sorties en effectuant un tri selon mes goûts. Je lis
quasi-exclusivement des romans (j’aime qu’on me raconte des
histoires !), et je ne suis pas amatrice de polars, de SF,
d’héroïque fantasy, de BD. A part ça, je peux me laisser tenter
par de nombreux sujets. Pour vous donner une idée, mes dernières
lectures furent : Le fils de Philipp Meyer, Soumission
de Houellebecq, Goat Mountain de David Vann, Pas Pleurer
de Lydie Salvayre.
On
aura noté que je ne lis quasiment plus de littérature érotique,
j’ai remarqué que cela parasitait trop mon travail d’écriture.
Qui
vous a donné l'envie d'écrire à votre tour ? Quel est votre
objectif lorsque vous écrivez ? (Donner du plaisir, vous
évader, faire partager, etc.)
Difficile
à dire, je ne crois pas qu’un auteur en particulier m’ait donné
envie d’écrire, ou alors ce sont tous ceux cités précédemment
pour leur verve, leur intelligence et leur perspicacité.
Mes
objectifs quand j’écris dépendent un peu du type d’ouvrage que
je suis en train de rédiger. Pour Sex in the kitchen et Sex
and the TV, qui sont des livres de distraction pure et assumée,
je vise avant tout le plaisir et l’évasion du lecteur. Je veux
qu’il rie, qu’il frissonne, qu’il doute à l’unisson avec mes
personnages. J’essaie de faire en sorte qu’il se prenne d’amitié
pour eux. Il n’y a pas vraiment de technique pour cela. Je crois
qu’il suffit d’aimer ses personnages et de faire en sorte que
cela se ressente pour que le lecteur les aime à son tour.
Comment
s'est déroulé l'écriture du roman (ou des romans) ?
La
rédaction de Sex in the kitchen a duré un an, celle de Sex
and the TV aussi. Bien sûr pas un an d’écriture quotidienne à
raison de plusieurs heures par jour. J’écris plutôt vite quand je
me mets devant l’ordinateur, mais j’ai besoin de laisser mûrir
les idées entre deux plages de travail. Pour les deux romans j’ai
travaillé en suivant un synopsis détaillé préalablement rédigé.
C’est à mon avis la méthode la moins « casse-gueule »,
même si, parfois, en cours de rédaction, je m’éloigne plus ou
moins du fil d’Ariane. L’important est de toujours savoir où je
vais et pourquoi. Quant à mon état d’esprit il était très
joyeux pour Sex in the kitchen. J’étais dans l’euphorie
du premier roman mais j’étais aussi traversée par des doutes,
comme c’est le cas, je pense, pour de nombreux auteurs. Pour Sex
and the TV, les périodes de découragements furent plus
nombreuses, j’étais plus tendue, j’avais une pression
supplémentaire sur les épaules : ne pas décevoir les lecteurs
du premier. J’avais peur de ne pas être à la hauteur de leurs
attentes, de me répéter etc… Mais finalement, j’ai mené le
projet à bien, et j’ai été satisfaite du résultat. Aujourd’hui,
je dirais même que Sex and the TV est un peu meilleur que Sex
and the kitchen.
Vous
imposez-vous un rythme d'écriture ou écrivez-vous quand
l'inspiration est là ?
Oui,
je m’impose un planning d’écriture, selon les deadlines établies
avec mon éditeur. Je ne le respecte pas toujours scrupuleusement,
mais j’arrive toujours plus ou moins à retomber sur mes pattes.
Quel
a été votre parcours en ce qui concerne les maisons d'éditions ?
J’ai
envoyé un premier recueil de nouvelles il y a 8 ans à certain
nombre de maisons d’édition. Il a été refusé de partout, une
seule m’a renvoyé une note de lecture pour m’expliquer son
refus. Une fois l’amertume de la déception passée, cela m’a été
salutaire, j’ai pris en compte les critiques. J’ai amélioré ma
plume, et c’est par le biais de nouvelles que j’ai mis le pied
chez La Musardine. Ils en ont accepté une, puis deux, puis trois.
Tout s’est enchainé très vite, jusqu’à ce qu’ils me
proposent d’écrire un roman.
Comment
avez-vous vécu l’enthousiasme des premiers lecteurs ? Le
retour des critiques, positives comme négatives.
L’enthousiasme
des premiers lecteurs m’a fait bondir de joie. J’étais un peu
abasourdie, complétement même. Mon travail d’auteur me
satisfaisait, autrement je n’aurais pas livré le manuscrit à mon
éditeur, mais il y a un fossé entre la satisfaction personnelle et
celle du lectorat… Quant aux critiques, elles m’ont fait mal au
début, mais rares sont celles qui m’ont surprise. Je savais que je
n’avais pas écrit un livre grand public, je savais que j’avais
osé des choses qui pouvaient être assimilées à de la vulgarité,
voire de la pornographie. En somme, je savais que Sex in the
kitchen serait clivant : soit on adhérait à l’univers de
ces nanas déjantées et on adorait, soit on n’adhérait pas et on
détestait. Et c’est à peu de choses près ce qui s’est produit.
Comment
s'est passé le choix de la couverture du roman ? Y avez-vous
participé ? Si non, qu'auriez-vous changé ?
Oui,
j’ai participé au choix de la couverture. L’idée du Vichy était
là depuis longtemps, avant même que le roman soit écrit. On était
d’accord sur le fait de ne pas mettre de photo. On voulait quelque
chose de plus jeune, plus girly. Les ombres chinoises se sont
imposées très vite, en revanche on a un peu galéré pour les
trouver. Au départ, on m’avait proposé différentes silhouettes
de femmes alanguies, je ne trouvais pas cela assez dynamique. Mais
quand l’éditeur a eu l’idée des deux silhouettes : la
femme chassant l’homme avec son rouleau à pâtisserie, j’ai
adoré.
Si
vous pouviez donner vie à l'un de vos personnages, lequel
choisiriez-vous et pourquoi ?
D’une
certaine manière, les filles existent déjà, car je me suis pas mal
inspiré de mes copines et de moi-même (en grossissant le trait,
tout de même !). Au niveau des garçons, je donnerais bien vie
à Boris, le soumis sexuel légionnaire. Il me semble que je saurais
en faire bon usage…
Sur
quel projet êtes-vous en ce moment ?
En
ce moment je travaille sur un guide Osez, ainsi que sur le troisième
volume de Sex and the kitchen.
Auriez-vous
des conseils d'écriture pour nos jeunes débutants ?
Ne
pas se décourager aux premiers refus, prendre en compte les
critiques, même quand elles font mal ou nous semblent injustes. Les
éditeurs savent ce qu’ils disent, c’est leur métier. Quand on
est un auteur en herbe, on croit tout savoir, être la réincarnation
de Proust, celui qui va révolutionner la littérature contemporaine…
Mais le plus souvent, on a tort !
Un
petit mot pour la fin ?
Lisez
mes livres, ils sont faits pour ça !
Encore
merci pour ce temps accordé et à très bientôt !
Vous pouvez retrouver l'auteure chez La Musardine, mais aussi sur son site internet, facebook & Twitter.
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